
Une formation, un projet : le parcours de Morgane Ahrach

Autrice-réalisatrice, Morgane Ahrach revient sur son parcours et son expérience au Cifap. Elle partage ce que la formation « Réalisation de fiction courte » lui a apporté : des outils concrets, un réseau solide et la confiance nécessaire pour développer ses projets cinématographiques.
Morgane Ahrach a suivi en 2021 la formation « Réalisation de fiction courte » au Cifap. Autrice-réalisatrice, elle revient ici sur son parcours, ses motivations à se former, et ce que cette expérience lui a concrètement apporté dans le développement de ses projets.
Pouvez-vous vous présenter ?
Le point de départ est une caméra DV, reçue mes 11 ans. Après des études de cinéma au lycée, j’ai choisi de passer par les écoles d’art, l’ENSAD Nancy, puis un Master à l’ESAL Metz, pour explorer plus librement les formes, sentir physiquement et psychologiquement chaque étape de fabrication d’un film et expérimenter d’autres récits. L’école d’art m’a apporté une richesse rare, presque décuplée, pour me construire comme autrice-réalisatrice. Pendant plus de dix ans, en tant qu’artiste-auteure, j’ai été vidéaste, caméraman, photographe, monteuse, réalisatrice, pour des projets de commande audio-visuels, des clips, etc…
J’ai également travaillé comme directrice artistique, tout en poursuivant l’écriture et les réécritures de mes scénarios. Cette période m’a permis de développer une pratique de « slasheuse », mais surtout de confirmer que mon désir et but premier restait d’être auteure-réalisatrice. Aujourd’hui, je prépare Asian Girl, mon premier court-métrage de fiction, produit par Almaa films, soutenu par la Région Grand Est et plusieurs partenaires. Le tournage est prévu pour septembre 2025. Mes films interrogent les fantasmes et les zones difficiles de la construction de soi, entre identités fixes, emmêlées ou fugitives, avec une attention particulière portée aux corps caméléons et aux voix.voies invisibles.
1. Quelle motivation vous a poussé à participer à une formation au CIFAP ?
Après mes études de cinéma, puis mon entrée à l’École des Beaux-Arts, j’ai ressenti le besoin de mieux comprendre l’industrie du cinéma d’aujourd’hui en France, et surtout de m’y ancrer. Je savais qu’après les Beaux-Arts, je rencontrerais des personnes, collègues, futurs collaborateurs, avec parfois une vision plus « ancienne » de ce qu’est une école d’art, et je voulais pouvoir affirmer ma place et mon parcours.
Participer aux formations du CIFAP a donc été une manière de me sentir plus confiante, légitime et solide dans mon désir et mes projets. Je voulais aussi passer d’une pratique très individuelle à une dynamique plus collective : rencontrer des scénaristes, réalisateurs.trices et ne plus avancer seule dans mes démarches. Dès 2020, j’ai suivi une première formation Movie Magic Scheduling, pour comprendre le rôle d’assistant réalisateur et un des outils de ce poste. Puis, en 2021, j’ai intégré le Certificat FFP “Produire et réaliser une fiction courte”, une expérience décisive : cette formation m’a donné des bases solides pour développer mes scénarios, réfléchir à leur place dans l’industrie et auprès d’un public, mais aussi comprendre tout le processus de production et de distribution. Elle m’a permis de tester plusieurs postes sur un tournage, de préciser ma place et de me dire que je pouvais être confiante dans mon lien avec les acteurs.trices. Cela a aussi été déterminant pour ma rencontre avec ma productrice : je comprenais ses contraintes, ses attentes. Cette compréhension m’a permis de poser les bases d’un duo de travail bienveillant, solide et équilibré, avec l’envie de bâtir une collaboration sur la durée et sur plusieurs projets. En résumé, ma motivation était double : m’armer de compétences concrètes pour écrire et réaliser mes projets, et m’entourer d’un réseau solide, tout en comprenant pleinement le fonctionnement de cette industrie.
2. Comment s’est passée votre formation ?
Avant de commencer, je n’avais pas une idée très précise de ce que j’allais trouver, hormis les déroulés envoyés avant chaque session. Je cherchais surtout des bases concrètes : des outils d’écriture, la façon de constituer un dossier artistique, mais surtout technique, pour déposer un film, sentir le bon timing pour. Très vite, notamment grâce au Certificat FFP Produire et réaliser une fiction courte, tout cela s’est clarifié. J’ai pu structurer ma démarche et mieux comprendre le parcours complet d’un film. Ce qui m’a le plus surprise, et dans le meilleur sens du terme, c’est la force du collectif. Nous avons passé presque un mois ensemble, avec un groupe soudé et des formateurs issus du milieu du cinéma, qui partageaient autant leurs réussites que leurs difficultés. Ce cadre m’a confirmé que j’étais à ma place et m’a donné l’élan nécessaire pour croire que, malgré la longueur des étapes à venir, je pourrais les franchir, portée par la joie et l’apaisement ressentis.
Ces formations m’ont donné bien plus que des savoirs techniques : elles m’ont permis de ressentir une joie profonde, une légitimité et une certitude, celle de vouloir être cinéaste. Cet élan m’a aidée à m’accrocher aux réécritures de mes deux courts-métrages de fiction en développement, et m’a permis de rencontrer mes premiers vrais collègues, brisant ainsi la solitude dans laquelle j’avançais jusque-là.
3. Que retirez-vous de votre passage chez nous ? Qu’est-ce que la
formation vous a apporté concrètement, et par rapport à vos ambitions ?
Le CIFAP a été un véritable tremplin : il m’a donné les outils, le langage, la compréhension du milieu, mais aussi l’assurance et l’énergie nécessaires pour la suite. Il a aussi été une éclaircie, comme si un horizon entier s’ouvrait devant moi. J’ai compris avec précision toutes les étapes qui suivent l’écriture d’un film, et cette clarté a changé ma manière de travailler : j’ai pu écrire avec plus d’apaisement, en sachant où j’allais. Ça m’a permis de poser mes propres méthodologies : j’ai compris que ce métier est un marathon. Ces formations ont posé les bases de mon développement d’autrice-réalisatrice et d’une confiance intime qui continue de me porter. J’en retire un socle solide, des méthodes durables et une vision à long terme.
Pour conclure…
Aujourd’hui, Morgane Ahrach poursuit son parcours avec détermination et sens artistique, portée par les fondations posées lors de sa formation au Cifap. Une trajectoire prometteuse, guidée par la volonté de raconter des histoires sensibles et singulières, et de faire entendre des voix encore peu visibles à l’écran.
Crédit photo @ Solène Mangin